Ada Colau, le “populisme de la sincérité”
L’avenir de la gauche serait-il dans le populisme… d’inspiration philosophique ? C’est ce que laisse penser la situation en Espagne. Après Podemos, traduction politique des Indignés influencée par la philosophe belge Chantal Mouffe, voici que la nouvelle maire de Barcelone, Ada Colau, militante anti-expulsion formée à la philosophie à l’université de Barcelone, revendique un « populisme de la sincérité ». Née en 1974, ayant dû abandonner ses études pour aider sa famille, devenue employée d’un centre d’études économiques et sociales, elle a ensuite fondé la plateforme des victimes du crédit hypothécaire (PAH) qui organisait des rassemblements devant les banques ou les domiciles de personnes menacées d’expulsion – suite à la crise de 2008, leur nombre avait explosé, alors que le pays compte près de 3,5 millions de logements vides. En 2013, elle avait été jusqu’à accuser le secrétaire général de l’association des banques espagnoles, qui relativisait le problème du logement, d’être un « criminel qui devrait être traité comme tel ». Dès son arrivée surprise à la tête de la métropole catalane, celle qui se présente comme une « démocrate radicale » a annoncé « la fin d’une classe politique séparée du peuple » : supprimant une partie des voitures de fonction et diminuant son salaire de 10 000 euros (passant de 12 000 à 2 200 euros mensuels). Elle entend réaliser 30 % de logements sociaux, un revenu minimum municipal de base de 600 euros et engage également des mesures moins consensuelles de lutte contre le tourisme de masse et la gentrification – moratoire sur la construction de trente-cinq projets d’établissements touristiques, fermeture des commerces le dimanche. Elle dit vouloir « gouverner en obéissant au peuple », un peuple qu’elle invite à la surveiller : « Ne faites jamais confiance à notre vertu et à notre capacité de vous représenter complètement. » Un film retraçant son ascension, Alcaldessa (« La Maire »), sort prochainement. Ada Colau y racontera son histoire à la première personne du singulier… mais n’hésite pas à passer au pluriel : « Nous sommes le peuple normal, le peuple simple, qui utilise des transports publics et connaît les boulots précaires », affirme-t-elle. Aujourd’hui, un an après son élection, toute la question pour elle est de parvenir à transformer cette passion du peuple en action collective.
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