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Véritable "Tatooine", cette exo-planète a été la première découverte par Kepler d'une planète en orbite autour de deux étoiles - ce que l'on appelle une planète circumbinaire. © NASA/JPL-Caltech

Cosmos politique

Sven Ortoli publié le 26 janvier 2023 3 min

2022 a été une année faste pour la recherche d’exoplanètes : deux cents de ces planètes hors système solaire (et une dizaine depuis janvier) ont été ajoutées à un répertoire qui en comprend désormais 5 300. Une minuscule goutte de lait dans une Voie lactée qui abriterait à elle seule un millier de milliards de planètes, mais un chiffre toutefois énorme si l’on considère que la première exoplanète a été observée il y a trente ans à peine. Pourquoi tant d’intérêt ? Pour des raisons scientifiques et métaphysiques bien sûr, mais également politiques.

 

Parmi les 5 300 exoplanètes aujourd’hui recensées, une quarantaine sont susceptibles d’abriter une vie extraterrestre. Les critères d’admission au club des porteuses de vie potentielles sont assez stricts : au minimum, on doit y trouver de l’eau sous forme liquide, ce qui suppose que lesdites planètes orbitent dans une zone qui ne les éloigne pas trop de leur soleil (l’eau se transformerait en glace), et ne les rapproche pas trop non plus (l’eau s’évaporerait). Les candidates doivent par conséquent se situer dans ce que les astronomes baptisent une “zone d’habitabilité”, également surnommée zone “Boucles d’or” en référence au bol de l’ourson, ni trop chaud ni trop froid, du conte du même nom. La présence dans cette zone ne garantit pas l’apparition de la vie – il n’y en a pas sur la Lune – mais c’est une condition (à peu près) sine qua non pour être jugée digne d’intérêt. Pourquoi cette passion contemporaine ?   

D’abord, parce qu’on a les moyens techniques de l’assouvir : si le télescope spatial Kepler a terminé sa mission, il a été remplacé par le Transiting Exoplanet Survey Satellite (TESS), et le James-Webb s’est aussi mis à la manœuvre. Ensuite, parce que la perspective du réchauffement climatique a activé les fantasmes d’émigration lointaine et d’arches de Noé stellaires. Enfin et tout simplement, parce qu’il s’agit d’une question scientifique et philosophique passionnante.

Côté science, la Nasa a demandé à plusieurs chercheurs d’exoplanètes ce qui les motive prioritairement. Tous notent que l’ubiquité et la diversité des planètes dans l’Univers est l’une des grandes surprises de l’astronomie moderne. Mais les uns sont plus titillés par l’observation de planètes différentes, avec ou sans vie, et des bifurcations d’évolution qu’elles supposent, tandis que les autres placent au premier rang la recherche de vie extraterrestre – sommes-nous seuls dans l’Univers ?

Côté philo, outre les aspects métaphysiques liés à la question de notre solitude – ou non–, de la nature d’un alien forcément radicalement autre, du hasard avec ou sans nécessité, etc., le mérite revient à Bruno Latour (1947-2022) d’avoir insisté, il y a quinze ans, sur l’aspect politique du sujet : “Que se passe-t-il si des astronomes, grâce au truchement d’un nouvel instrument, se mettent à découvrir avec certitude non plus une ou deux mais des centaines de planètes extérieures au système solaire. […] Un collectif avec ou sans exoplanètes n’est plus le même collectif, il ne forme plus les mêmes associations, il est fondamentalement bouleversé. On ne vit pas dans le même cosmos, dans le même univers, dans le même monde s’il existe une seule planète, notre bonne vieille Terre, ou une infinité de planètes dont certaines sont susceptibles de développer des formes de vie. Et d’ailleurs, si l’on hésitait à ‘politiser’ une question aussi technique, il suffirait de se souvenir de Giordano Bruno.” (“Pour un dialogue entre science politique et science studies”, Revue française de science politique, 2008).

Dans De l’infini, de l’univers et des mondes, publié en 1584, Giordano Bruno (1548-1600) annonçait :

“Ne craignant nul obstacle, ni de cristal, ni de verre,
Je fends les cieux et m’érige à l’infini.
Et tandis que de ce globe je m’élève vers d’autres globes
Et pénètre au-delà par le champ éthéré,
Je laisse derrière moi ce que d’autres voient de loin.”

L’Inquisition l’a lu un tison à la main. Les cendres de Bruno, mêlées à celles de son bûcher, ont rejoint le cosmos en volutes. C’était il y a 423 ans, à Rome sur le Campo dei Fiori. Du champ des fleurs aux poussières d’étoiles.

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