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Lexique

Onze concepts pour une pensée de la joie

Suzi Vieira publié le 23 mars 2006 11 min

Spinoza est un démystificateur. Il lutte contre l’emprise mortifère de la religion, désacralise le pouvoir politique et affirme la totale rationalité du réel. Pour trouver, sur cette terre, le chemin de l’épanouissement.

Bien et mal  

Il n’y a pas pour Spinoza de bien et de mal en dehors du bon et du mauvais, de l’utile et du nuisible, c’est-à-dire en dehors de la joie et de la tristesse que nous éprouvons. « Par bien, j’entends ce que nous savons avec certitude nous être utile » (Ethique, IV, définition 1) ; « Et par mal, ce que nous savons avec certitude empêcher que nous possédions un bien » (Ethique, IV, définition 2). Le bon et le mauvais sont donc relatifs.

Est bon ce qui augmente ou favorise ma puissance d’agir, est mauvais ce qui la diminue ou l’empêche. Nous ne connaissons le bon et le mauvais que par les sentiments de joie ou de tristesse dont nous sommes conscients (Ethique, IV, 8). D’où la lutte de Spinoza contre toutes les passions à base de tristesse, non seulement le remords, la culpabilité et la pensée de la mort, mais même l’espoir, le contentement et la sécurité, qui ne sont que la suite de notre impuissance (Ethique, IV, 47, scolie).

 

Dieu  

« Deus sive Natura », « Dieu ou la nature » (Ethique, IV, préface). Cette formule célèbre, qui a suscité enthousiasme autant que scandale, a été l’objet de nombreux contresens. Pour les uns, il érige la nature en Dieu, il est donc panthéiste ; pour les autres, il réduit Dieu à la nature et il est athée. Il s’agit en fait de la défense d’une conception non idolâtrique de Dieu. Pour Spinoza, il n’y a pas plusieurs réalités mais une seule : le réel est un et il n’y a pas de réel au-delà du réel. Cette totalité infinie dans laquelle nous vivons et que nous appelons réalité, le vocabulaire de l’époque ne peut que l’appeler Dieu (substance infinie) ou nature (l’ensemble des choses), comme Spinoza l’explique dans la Lettre 64.

Cette formule résume un monde sans extériorité ni transcendance, un monde qui n’a pas de dieux parce qu’il est Dieu. La nature spinoziste est désenchantée : c’est une puissance productrice et non créatrice, non personnelle, une gigantesque réalité, aveugle et sourde, à laquelle il est absurde de prêter de quelconques intentions. D’ailleurs, cette croyance aux « causes finales », qui conduit les hommes à se réfugier dans « la volonté de Dieu, cet asile de l’ignorance », Spinoza la dénonce avec vigueur dans l’Appendice à la première partie de l’Ethique. La nature, Dieu ou la substance sont, chez lui, autant

de noms pour désigner un monde dépourvu de sens. Une telle réflexion coupait court à toute tentative de se construire un Dieu à son image et au bénéfice de ses intérêts.

 

Désir  

Spinoza fait du désir l’« essence même de l’homme » (Ethique, III, définition des affects, 1). Le sens du terme « désir » est bien différent de ce que l’on entend habituellement. C’est la puissance d’exister qui anime toute chose, l’homme comme l’animal, l’arbre comme la pierre.

La différence entre l’homme et les autres choses est que l’homme est conscient de son désir, des appétits et des volitions qui le déterminent à agir pour conserver son être. On est loin de l’appétit sensuel, auquel Spinoza réserve les termes de « libido » et de « lubricité » (Ethique, III, définition des affects, 48). Le désir, c’est la force d’exister inhérente à chaque chose, la force par laquelle elle s’efforce (conatus), à tout moment, de persévérer dans l’être (Ethique, III, 6). On ne peut pour autant réduire ce concept à un principe de survie ou d’inertie. L’être, pour Spinoza, n’est pas un capital à préserver mais une force qu’il faut faire agir. Ce qu’il appelle « effort pour persévérer dans l’être », c’est le fait d’effectuer sa puissance à chaque moment, autant qu’il est possible pour un être de le faire. Etre une chose, c’est être une cause, c’est s’activer, c’est produire. Chaque individu est animé d’une puissance singulière qui exprime la force de la nature, c’est-à-dire de la nécessité divine.

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