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"John Hamoney" Avec l'aimable autorisation de l'artiste © John Hamon

L’esprit du temps

Qui est John Hamon ?

Anne Robin publié le 19 décembre 2020 4 min

Vous connaissez sans doute son visage, placardé dans les rues de Paris et dans des dizaines de villes depuis 2001. Mais si… Il s’agit de l’artiste d’art urbain John Hamon. Aujourd’hui, il revient avec une nouvelle initiative : depuis le 9 décembre, la galerie Achetez de l’art expose et met en vente une œuvre de l’artiste composée d’une série de faux billets de banque à son effigie. Vendus à l’unité ou en planche, et imprimés par l’imprimeur des vrais billets de banque pour plus de réalisme, leur valeur en monnaie fiduciaire est de 0 euros. Mais l’artiste ne s’arrête pas là puisque chacun des billets vendus deviendra une crypto-monnaie, que le détenteur du billet pourra donc utiliser : une nouvelle monnaie, évidemment baptisée « Hamoney ». Que penser de cette démarche et de cet individu qui a construit son œuvre autour de son visage ? Véritable artiste pour certains, imposteur pour d’autres… Retour sur un phénomène qui pose (une nouvelle fois) la question de la nature de l’art. 

 

  • Sourire adolescent, coupe ébouriffée, lunettes ovales… qui se cache derrière John Hamon ? Lui-même. Depuis 2001, ce jeune homme a fait de son visage d’adolescent – il aurait 17 ans à l’époque de cette photo – une œuvre qu’il placarde en toute liberté dans les rues de plus de 77 villes, mais aussi sur les plus grands monuments. Projeté illégalement sur la Tour Eiffel comme sur la Tour de Pise, son visage est également apparu sur la façade de grands musées tels que le palais de Tokyo, à l’ouverture de la Fiac ou devant la fondation Louis Vuitton. Il s’invite devant les plus grands lieux d’exposition, risquant certains démêlés avec les agents de sécurité.
  • Pour un degré zéro de l’art ? « C’est la promotion qui fait l’artiste ou le degré zéro de l’art » : c’est ainsi que John Hamon définit sa démarche. Derrière cette phrase un peu énigmatique, on ne peut s’empêcher de penser à l’ouvrage de Roland Barthes, Le Degré zéro de l’écriture (1953). Par « degré zéro », le sémiologue désigne les « écritures neutres », celles qui sont presque « une absence idéale du style ». Selon Barthes « l’écriture se réduit alors à une sorte de mode négatif dans lequel les caractères sociaux ou mythiques d’un langage s’abolissent au profit d’un état neutre et inerte de la forme. » L’écriture se détache de la littérature, elle ne s’inscrit plus dans un style, n’a « plus recours à l’élégance ou à l’ornementation » propre à une époque, à un contexte intellectuel ou historique. Elle redevient un instrument neutre.
  • S’affranchir des modes ? John Hamon renvoie à cette notion de neutralité dans son dernier projet « Hamoney » – les séries de billets de banque. Dans une interview (accessible sur son site johnhamoney.com) il explique : « Ce qui m’a inspiré, c’est de faire un lien entre mon concept du “degré zéro de l’art” et la création de ce billet de 0 €. La notion de zéro, la notion de neutralité ; ce billet représente aussi cela dans un univers monétaire. » Si le billet de 0 € représente la neutralité en termes pécuniaires, que représente cette neutralité en art ? Si l’on reprend les analyses de Barthes sur l’écriture, on peut penser que cette neutralité réside dans l’affranchissement des œuvres vis-à-vis des courants artistiques ou des écoles, vis-à-vis d’une notion de style ou de genre, qui enfermeraient l’artiste, au même titre que l’écrivain. Le degré zéro de l’art serait alors un acte de création détaché de toute mode ou de tout critère artistique.
  • Une critique du marché de l’art ? Dans cette même interview, Hamon précise : « Il y a un aspect critique de la communication et de la commercialisation à outrance qui résume “le degré zéro de l’art” à sa valeur marchande. » Le degré zéro de l’art peut être entendu de manière plus négative : l’œuvre d’art est devenue un objet marchand. Hamon verserait donc dans la critique actuelle bien connue des enjeux financiers qui gouvernent l’art contemporain. Contrairement à ce qu’on l’on pourrait parfois penser, cette marchandisation de l’art se fait en effet souvent au détriment de l’artiste. Dans une autre interview, John Hamon se demande : « Ma question est de savoir qui fait l’art, et pour moi c’est très simple : ce sont les artistes, et pas les directeurs d’exposition. J’ai compris qu’il serait plus intéressant de m’inviter que d’être invité. » C’est dans cette démarche que l’on peut comprendre « l’art promotionnel » dont il se revendique. Cet « art promotionnel » très warholien consiste à faire du seul acte de se faire connaître l’œuvre en elle-même. Par cette autopromotion, John Hamon tente donc de casser les codes du marché de l’art et, selon lui, s’extirperait du contrôle des institutions culturelles qu’il dénonce. Mais y réussit-il – et est-ce novateur, à une époque où la promotion autotélique du soi est plus que jamais soluble dans un marché de l’art friand de concepts d’autant plus vendeurs qu’ils restent purement superficiels (au sens de purement esthétiques, purement performatifs ou purement conceptuels) ?
  • Est-ce encore de l’art ? Très loin des canons esthétiques classiques, les œuvres de John Hamon sont pour la plupart éphémères mais peuvent être reproduites à l’infini, sans besoin de connaissances techniques ou esthétiques approfondies. Aussi, pour beaucoup, ce travail n’est-il pas de l’art. Or, qu’est-ce qui fait une œuvre ? Cette question, au cœur de l’art contemporain depuis l’apparition des ready-made de Marcel Duchamp (choses du quotidien promues au rang d’objets de contemplation par le simple fait d’être exposées), du pop art (en partie inauguré par les multiples confectionnés de manière industrielle par Andy Warhol) et aujourd’hui face à l’omniprésence du street art, refait surface. Pour le philosophe américain Nelson Goodman (1906-1998), la question à se poser n’est plus « qu’est-ce que l’art ? », mais « quand y a-t-il de l’art ? » – à savoir, selon quel contexte, dans quel lieu et à quel moment un objet peut-il être qualifié d’œuvre. On est bien forcé d’admettre que les projections et affiches de John Hamon n’ont pas les fonctions utilitaires et usuelles de l’objet… À moins qu’elles ne soient, elles aussi, qu’un simple produit pour un marché ?

 

Quand y a-t-il de l’art ? La réponse de Nelson Goodman
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