La Part d’ombre
Une recension de Philippe Garnier, publié leQuand commence une guerre ? Quand finit-elle ? Quel faisceau de réalités – matérielles, politiques, idéologiques, psychologiques – recouvre-t-elle ? En un temps où la guerre, la vraie, resurgit en Europe, ces questions s’imposent à nouveau, non sans un certain vertige. Ce vertige, Stéphane Audoin-Rouzeau l’a affronté au cours de sa vie d’historien. Auteur de livres essentiels sur la Première Guerre mondiale, il s’est consacré des années durant à l’étude du génocide rwandais. Son dialogue avec un autre historien, Hervé Mazurel, éclaire les choix et les risques d’une vie de chercheur. La violence de masse – qu’elle prenne la forme de la guerre ou du génocide – est un objet d’étude souvent insoutenable. Dans ce paroxysme, les êtres humains sont mis à nu, à travers leur corps mais aussi leur imaginaire, leurs peurs et surtout leurs haines. « La cruauté comme langage est une évidence », explique Audoin-Rouzeau. La part gratuite de la violence, sa surenchère, mais aussi les codes qu’elle invente, font ici l’objet d’un questionnement incessant. Au-delà, quiconque travaille sur les crimes de masse est confronté à une énigme : comment de paisibles voisins deviennent-ils d’implacables ennemis ? En effet, le basculement meurtrier n’a pas lieu sur fond de distance culturelle mais de proximité et de petite différence. L’historien devient alors porteur d’un redoutable secret. On le taxe facilement de fascination pour le mal, de fétichisme de la cruauté. De plus, quiconque fait la lumière sur les ressorts profonds de la guerre – en particulier le « consentement » qu’elle implique – ne peut que laisser entrouverte la possibilité de son retour. Ces « péchés capitaux » de l’historien font ici l’objet d’une passionnante enquête.
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