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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Stade Turf Moor, Burnley (Royaume-Uni), le 1er mars 2022. La silhouette de supporters se détache devant un panneau LED affichant les couleurs de l’Ukraine, avant un match de football opposant l’équipe de Burnley à celle de Leicester City. © Lewis Storey/Getty/AFP

Revue de presse

Les philosophes face à la guerre en Ukraine

Octave Larmagnac-Matheron publié le 04 mars 2022 5 min

Philomag vous propose chaque semaine une sélection d’articles parus dans la presse française et étrangère. Des articles qui nous ont surpris, questionnés, dérangés. L’occasion de découvrir de nouveaux points de vue sur le monde et les événements qui font l’actualité.

Cette semaine : l’Ukraine. Depuis le début de la guerre initiée par la Russie, bon nombre de penseurs et intellectuels ont pris la parole dans les médias pour proposer leur éclairage. Un Ukrainien, Anton Tarasyuk, a même lancé une plateforme – Philosophers for Ukraine – où ceux-ci proposent aux philosophes du monde entier de soutenir l’Ukraine attaquée par un message bref (300 mots à envoyer à l’adresse philosophersforukraine@gmail.com). Martha Nussbaum et Graham Harman ont déjà répondu à l’appel. Retour sur les interventions philosophiques les plus marquantes de ces derniers jours.

 

 

La guerre et les philosophes

Avant même le lancement du projet Philosophers for Ukraine, le magazine en ligne Daily Nous a pris l’initiative de demander à quatre philosophes de s’exprimer au sujet de la situation actuelle. En ouverture de ce mini-dossier, Saba Bazargan-Forward s’interroge ainsi sur ce que peut apporter « l’éthique de la guerre » à la compréhension du conflit : si l’on considère, par exemple, qu’« il ne faut pas verser de sang sans nécessité, et de manière inefficace », les Ukrainiens – qui n’ont presque aucune chance de l’emporter d’un point de vue strictement militaire –, ne devraient-ils pas cesser le combat ? Non, répond Bazargan-Forward : « Même si nous supposons que la résistance ukrainienne a peu de chances de réussir, cette chance en vaut la peine. » Helen Frowe prolonge ces réflexions éthiques dans un autre article. De son côté, Jovana Davidovic explique pourquoi les soldats russes « devraient lâcher leurs armes ». Christopher J. Finlay, enfin, revient sur la stratégie des livraisons d’armement de la part des démocraties.

 

 

La guerre et les sanctions

Comment l’Europe doit-elle réagir par rapport à la guerre en Ukraine ? Dans un article paru dans Project Syndicate, le philosophe australien Peter Singer relit la crise ukrainienne à la lumière des accords de Munich. Et montre que, là où les accords ont été un échec terrible, ne conduisant à aucune sanction contre l’Allemagne nazie, nous avons à notre disposition tout une palette d’« armes » économiques et diplomatiques, qu’il faut privilégier autant que possible plutôt que de montrer les muscles. Sanctions « injustes », sans doute, parce qu’elles impacteront aussi ceux qui, en Russie, « se sont publiquement opposés à la guerre ». Mais cette injustice est préférable à celle de laisser Poutine l’emporter. « La guerre est une situation où ne sont plus qu’à disposition que de “mauvaises solutions” », résumait le journaliste Rob Grams dans Frustation magazine. De son côté, Slavoj Žižek s’efforce de décaler l’enjeu dans deux articles, l’un paru dans l’Obs, l’autre dans Project Syndicate. « Il ne suffit pas de “défendre l’Europe” », explique-t-il. « Notre véritable tâche est de convaincre les pays du tiers monde que, face à nos problèmes mondiaux, nous pouvons leur offrir un meilleur choix que la Russie ou la Chine. » Le traitement différencié des migrants ukrainiens et ceux du reste du monde aux frontières de l’Europe est une terrible erreur, de ce point de vue.

 

 

La guerre et Poutine

La guerre va-t-elle renforcer le pouvoir de Vladimir Poutine ? Au contraire, répondent d’une même voix différents philosophes. Dans Le Grand Continent, Jean-Baptiste Jeangène Vilmer explique pourquoi, de son point de vue, Poutine « a déjà perdu la guerre », en cinq arguments : 1) sa victoire sur le terrain « aura un coût humain et matériel considérable », impossible à dissimuler ; 2) l’occupation sera un véritable « bourbier » si elle a lieu ; 3) la guerre a produit un « renforcement de l’Otan », qui semblait pourtant en perte de vitesse ; 4) la Russie sera frappée, pendant longtemps, d’un « isolement » diplomatique et économique douloureux ; 5) « La guerre en Ukraine va produire en Russie un immense mécontentement, et donc un immense problème pour Poutine. » Même son de cloche chez l’essayiste iconique Yuval Noam Harari qui résume, dans un article pour le Guardian et dans un entretien accordé à L’Express : « Poutine peut l’emporter militairement en Ukraine, et cela de manière sanglante. […] Mais sur le long terme, quand on voit la résistance féroce des Ukrainiens, je crois qu’il est très clair qu’ils n’accepteront jamais la fin de leur nation et le rattachement à la Russie. » Francis Fukuyama, chantre de la « fin de l’histoire », considère lui aussi, dans une tribune parue dans Quillette et traduite dans Le Point, qu’« il est tout à fait possible que Poutine ait commis une gaffe monumentale ». Le retour apparent de l’autocratie pourrait n’être, au fond, que son ultime soubresaut.

 

 

La guerre et le Giec

Quelques jours après le début du conflit en Ukraine, le Giec faisait paraître un nouveau rapport extrêmement alarmant, indiquant notamment que 3,3 à 3,6 milliards d’êtres humains vivent dans des contextes « très vulnérables » au changement climatique. La nouvelle est passé un peu inaperçue… mais pas complètement. Dans AOC, le philosophe et sociologue Bruno Latour revient sur cette « double angoisse » d’une guerre géopolitique et d’une « guerre mondiale » contre la Terre qui « ne se joue pas sur [l’échiquier] traditionnel. Il y a bien des prises de terre, mais c’est plutôt la Terre qui resserre sa prise sur toutes les nations. Il y a bien des grandes puissances, mais elles sont chacune en train d’envahir les autres en déversant sur elles leurs pollutions, leurs CO2, leurs déchets, si bien que chacune est à la fois envahissante et envahie, sans qu’elles parviennent à faire tenir leurs combats dans les frontières des États-nations. » Il ne faut pas « opposer » ces tragédies, mais les « articuler » – autour en particulier de la question des énergies fossiles, dont la Russie est un important producteur, et de celle des souverainetés nationales. Dans The Intercept, Naomi Klein emboîte le pas de Latour. Sans doute faut-il arrêter Poutine dans l’immédiat. Mais si cette réaction se dissout dans l’exaltation d’un retour de la puissance européenne ou états-unienne, elle perpétuera encore l’ancien monde de la politique, qui a conduit à la crise écologique. « Nous ne vaincrons pas les forces de la nostalgie toxique avec de faibles doses de nostalgie légèrement moins toxique. Il ne suffit pas d’être “de retour” ; nous avons désespérément besoin de nouveau. »

 

 

Pour aller plus loin

AOC publiait, il y a quelques jours, la transcription d’une conférence donnée peu avant l’attaque russe par le célèbre historien Timothy Snyder, spécialiste de l’Ukraine – pays auquel il a consacré un ouvrage marquant, Terres de sang. L’Europe entre Hitler et Staline (trad. P.-E. Dauzat, Gallimard, 2012). L’occasion de découvrir le destin d’un pays souvent méconnu, en évitant les mythes et les fantasmes : « De l’intérieur comme à l’extérieur, on a souvent tendance à présenter l’histoire de l’Ukraine comme exceptionnelle. Elle ne l’est pourtant que dans la mesure où elle épouse les principales évolutions avec une intensité inhabituelle. »

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