Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher
Le livre du jour

”L’Invention du colonialisme vert”, de Guillaume Blanc

Ariane Nicolas publié le 10 septembre 2020 3 min

Des girafes qui gambadent dans la savane, des gnous qui traversent des rivières, des singes qui volent de branche en branche au creux des montagnes… La nature africaine a de quoi faire rêver. Pourtant, cette vision idyllique d’un environnement sauvage intouché, qui fait le régal des documentaires animaliers et des voyagistes, est un mythe. Dans L’Invention du colonialisme vert. Pour en finir avec le mythe de l’Éden africain (Flammarion, 2020), en librairie mercredi 9 septembre, l’historien Guillaume Blanc raconte comment, depuis la période coloniale, s’est construit ce fantasme d’un sanctuaire africain éternel – et il alerte sur les conséquences désastreuses de la « stupéfiante bonne conscience » des Occidentaux quant aux populations locales. Tout en reconnaissant l’importance de la préservation des écosystèmes, il dénonce la « déshumanisation » de ces territoires au nom du développement durable. Un livre fort, qui vous passera peut-être l’envie de réserver un safari pour les vacances...

 

  • Des colons aux « experts » de l’environnement. Les premiers parcs naturels africains sont créés au début du XXe siècle à l’initiative des colons. Ces derniers « font de la nature ce qu’ils croient qu’elle fut » : un paradis sur Terre, alors même que la colonisation fait vivre aux habitants un enfer. Depuis les indépendances, les politiques environnementales en Afrique « sont mises en oeuvre par des États africains, sous le patronage d’institutions internationales (Unesco, WWF...) ». Les administrateurs coloniaux se sont reconvertis en « experts » internationaux. On retrouve les mêmes personnes aux postes clés, comme si la décolonisation n’avait jamais eu lieu. Cette mainmise a été facilitée par des gouvernements locaux, dans un double objectif : « se faire accepter par le monde extérieur » et imposer « un récit national » à leurs administrés, dans un contexte souvent très instable. Ce que l’historien déplore : « Les États africains instrumentalisent les normes de la gouvernance verte et globale pour imposer la violence de leur régime. »
  • Violence du paternalisme ? Le classement au patrimoine de l’Unesco a de quoi laisser songeur. L’Afrique abrite un quart du patrimoine naturel mondial (environ 50 sites sur 213) contre seulement 6% du patrimoine culturel (54 sur 839). « Il y aurait le génie de la culture chez les uns, et la beauté de la nature chez les autres », ironise Guillaume Blanc. Retranchés derrière leur bonne volonté, les experts environnementaux perpétueraient en fait une vision « raciste » du continent africain, selon l’auteur : « La nostalgie d’une nature africaine intouchée est aussi vieille que l’idée de sociétés africaines hors du temps, incapables qu’elles seraient de s’arracher à l’ordre naturel du monde. » En Europe, l’humain s’adapte à la nature ; en Afrique, il la dégrade... Ce paternalisme écologique, d’autant plus difficile à combattre qu’il s’inscrit dans une lutte globale contre l’extinction des espèces animales, renforce d’après l’auteur les pires préjugés à propos de l’Afrique : « Le monde moderne et civilisé doit continuer à sauver l’Afrique des Africains. »
  • Le développement durable, un « piège ». Faut-il pour autant abattre les enclos des parcs naturels et bétonner la savane ? Pas exactement. S’appuyant notamment sur une étude de terrain qu’il a menée en Éthiopie, Guillaume Blanc montre que « la naturalisation forcée de toute une partie du continent » s’est faite au détriment de populations locales, expulsées pour le bon plaisir des experts et des professionnels du tourisme. Plus d’un million de personnes ont été expulsées de leurs villages et des milliers continuent de l’être chaque année. Pourtant, ces autochtones pratiquant l’agropastoralisme ont un mode de vie qui préserve justement les écosystèmes. « Pour sauver la planète, il faudrait vivre comme ces habitants expulsés », résume Guillaume Blanc. À la place, on vide les paysages des humains qui y vivent et on développe un tourisme générateur de pollution pour la planète. Le développement durable à l’occidentale est « un piège », assure l’auteur : « Croire que la nature est préservée là où il n’y a pas d’hommes, c’est aussi s’autoriser à causer des dommages là où vivent les hommes. » Prendre soin des animaux sans causer de tort aux humains qui vivent auprès d’eux, tel est le nouvel équilibre à trouver.
Explorez les visages multiples de Mère Nature
Expresso : les parcours interactifs
Quel(le) amoureux(se) êtes-vous ?
Quel est votre profil d'amant(e) ou d'amoureux(se) ?
Faites-vous primer le désir comme Spinoza, la joie à l'instar de Platon, la liberté sur les pas de Beauvoir, ou la lucidité à l'image de Schopenhauer ? Cet Expresso vous permettra de le déterminer !
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
7 min
Guillaume Barrera : “Vouloir fuir le chaos en ouvrant les vannes du plus grand des chaos, c’est absurde”
Nicolas Gastineau 12 mai 2021

Le 21 avril, une lettre rédigée par un ancien officier de l’Armée de Terre, Jean-Pierre Fabre-Bernadac, et signée par de nombreux officiers à le…

Guillaume Barrera : “Vouloir fuir le chaos en ouvrant les vannes du plus grand des chaos, c’est absurde”

Article
4 min
Guillaume Le Blanc. Dans les marges
Juliette Cerf 24 septembre 2012

Guillaume Le Blanc interroge l’usage de soi fait dans les normes. Héritier de Georges Canguilhem et de Michel Foucault, il s’intéresse aux subjectivités déclassées, aux sans-voix, aux malades, aux précaires. Pour lui, la philosophie…


Article
3 min
Guillaume le Blanc : “Les protestations contre le vaccin cachent l’hyper-individualisme de nos sociétés”
Anne Robin 16 décembre 2020

Comment interpréter la réticence d’une majorité de Français à se faire vacciner contre le Covid-19 ? Pour Guillaume le Blanc, spécialiste de…

Guillaume le Blanc : “Les protestations contre le vaccin cachent l’hyper-individualisme de nos sociétés”

Article
4 min
"Écofascismes" : comment l'extrême droite s'est emparée de l’écologie
Jean-Marie Durand 17 mai 2022

Le concept d’« écofascisme », né dans les années 1970, s’impose de plus en plus dans le paysage de la pensée écologique. Souvent confus,…

"Écofascismes" : comment l'extrême droite s'est emparée de l’écologie

Article
9 min
Guillaume Lachenal : “Le tri médical est l’envers nécessaire du soin”
Nicolas Gastineau 08 juin 2022

Invité de l’émission d’Arte Les Idées larges, dont Philosophie magazine est partenaire, l’historien des sciences Guillaume Lachenal nous a accordé…

Guillaume Lachenal : “Le tri médical est l’envers nécessaire du soin”

Article
6 min
Guillaume Martin : “Dans le sport, on peut déployer une violence qui ne s’exprimera pas ailleurs”
Caroline Pernes 29 juillet 2022

Cycliste professionnel arrivé 8e du tour de France 2021, Guillaume Martin est aussi passionné de philosophie, comme il l’a prouvé avec son…

Guillaume Martin : “Dans le sport, on peut déployer une violence qui ne s’exprimera pas ailleurs”

Bac philo
3 min
La nature
Nicolas Tenaillon 18 mai 2022

Opposée à la culture, la nature (mot issu du latin nascor : naître) est une notion fortement équivoque qui décrit à la fois un processus et un résultat, l’essence des choses et le monde qui les entoure (appelé alors : Nature,…


Article
9 min
Dominique Bourg / Peter Singer : l’écologie en pratique
Naomi Hytte

Comment mettre en pratique ses engagements théoriques en matière d’écologie ? Quelques réponses avec deux philosophes : Dominique Bourg, penseur franco-suisse, partisan d’une « écologie intégrale », et Peter…


À Lire aussi
Panorama de l’activisme vert
Par Alexandre Lacroix
octobre 2012
Dominique Bourg : “Au lieu de se poser des questions oiseuses, l’Europe ferait mieux de s’interroger sur la sobriété à venir”
Dominique Bourg : “Au lieu de se poser des questions oiseuses, l’Europe ferait mieux de s’interroger sur la sobriété à venir”
Par Dominique Bourg
juillet 2022
Écologie ou économie : qui commande ?
Par Michel Olivier
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. ”L’Invention du colonialisme vert”, de Guillaume Blanc
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse