La nature est-elle au fondement de nos normes ?
Analyse des termes du sujet
« La nature »
L’essence de l’homme, l’environnement, l’inné.
« est-elle »
De fait (descriptif) ou de droit (prescriptif).
« fondement »
L’origine, la justification.
« normes »
Lois, règles, prescriptions informelles de nature morale, religieuse, sociale, esthétique ou encore juridique.
Défrichage
Premières intuitions
Lorsque nous pensons à la nature, deux imaginaires sont convoqués.
D’abord, la beauté et l’harmonie avec soi et le monde, nécessaires au bien-être. A contrario, ce qui est trop artificiel ou dénaturé serait source de souffrance et de désordre. Régler nos vies sur la nature, ne serait-ce pas dès lors la meilleure garantie de bonheur et de justice ?
Mais la nature évoque aussi la violence. « L’homme est un loup pour l’homme », et si les individus se retrouvaient régis par leur seule nature, le chaos et la loi de la jungle régneraient. C’est ce qu’ont montré les nombreuses images de pillage qui ont circulé après l’ouragan Katrina en 2005, par exemple.
L’érection de normes a-t-elle donc vocation à nous protéger des maux qui règnent dans la nature et dans notre nature ? Au contraire, nos normes doivent-elles, pour être bonnes, se conformer à la nature, qui serait alors elle-même un idéal et une norme ?
Exemples qui viennent à l’esprit
Le primatologue Frans De Waal observe chez certains animaux des comportements qui relèvent de l’empathie, de la coopération, d’un certain sens de l’équité. Cela suggère que nos valeurs morales sont fondées sur des comportements naturels.
Dans les Salons, Charles Baudelaire déclare que la nature n’est qu’un dictionnaire. Ses poèmes font ainsi l’éloge de la ville et des artifices, et la nature qui y est évoquée – dans « Correspondances », par exemple – est mêlée de culture et porte la marque des hommes. La nature ne doit pas être au fondement de nos normes esthétiques.
Dans Des sexes innombrables (Seuil, 2016), le philosophe Thierry Hoquet montre que la distinction entre sexe (naturel) et genre (culturel) n’est pas évidente : la binarité du genre reflète-t-elle la nature, ou, au contraire, les normes de genre déterminent-elles notre conception des sexes naturels ?
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