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“Ça ira (1) Fin de Louis” écrit et mis en scène par Joël Pommerat © Élizabeth Carecchio

Culture / Théâtre

“Ça ira (1) Fin de Louis” : Joël Pommerat souffle le vent chaud de l’histoire

Cédric Enjalbert publié le 14 novembre 2015 3 min

Avec Ça ira (1) Fin de Louis, le metteur en scène Joël Pommerat brosse une large fresque historique, politique et philosophique. Il cherche à cerner le moment où se cristallise l’événement, dans l’imperceptible déroulement de l’action.

 

L’histoire se répète-t-elle ? Qui l’écrit et comment y trouver sa place ? Quelle est la nature d’un événement historique ? De ces questions qui hantent les esprits, le metteur en scène Joël Pommerat tire, avec un brio non dénué de ces imperfections qui sont la marque de la pensée vivace et de l’audace, le motif de sa nouvelle création : Ça ira (1) Fin de Louis.


Cohorte polyphonique

Étirée sur plusieurs heures, elle sollicite avec passion une foultitude d’acteurs qui réactivent les rouages de l’histoire, mettant en branle les prémices de la Révolution française jusqu’aux premiers jours de la Terreur. Parmi eux, ni héros ni figures illustres. Car le metteur en scène, qui s’est appuyé sur une documentation minutieuse, comme pour chacune de ses créations, épaulé par l’historien Guillaume Mazeau, a mis les grands noms de la Révolution en retrait.

En effaçant ces figures de proue qui résument généralement l’histoire, au profit d’une cohorte polyphonique d’anonymes, Joël Pommerat saisit plus généralement l’essence du mouvement historique, la teneur de l’événement, ce qui dans le présent des actions spectaculaires ou minuscules, dans les coups d’éclats et dans les progrès impalpables, fait l’histoire. Il imagine un dispositif ambitieux d’immersion des protagonistes au sein de la salle, à contre-courant de l’intimisme qu’il ménage habituellement, constitué de clairs-obscurs et de demi-mots ; ils sont une trentaine dont près de la moitié sont professionnels. Avec eux, qui éructent, applaudissent, chahutent, huent, s’emparent du crachoir, le monopolisent parfois dans la cacophonie, le public devient témoin de l’histoire qui, en se rejouant, déploie sa part d’ombre. Le metteur en scène restitue les grands mouvements dialectiques passés pour éclairer le présent, convaincu, en l’occurrence, que « la conflictualité est le moteur de l’intrigue. » Se gardant de tout manichéisme, il décentre le regard de l’acteur vers le processus, des points saillants vers des réalités imperceptibles, qui forment pourtant la matière bouillonnante des hasards de l’histoire.

A-t-elle un sens ? En suivant cette inexorable et pourtant haletante « fin de Louis », dont la fin est connue, l’on comprend plutôt qu’elle progresse aveuglément car personne ne la pilote. Elle ne laisse à ses acteurs que la foi aveugle dans l'avenir : un « ça ira », pour tout mot de consolation, en guise d’espérance dans la tempête. La vivacité et la longueur des échanges, issus d’improvisation et d’un travail d’écriture de plateau, font la part belle à la spontanéité travaillée et au débat d’idée affuté, s’emparant de tous les grands thèmes qui habitent encore notre horizon démocratique.


Fiction vraie

L’Assemblée constituante réunie à Versailles statue en effet sur les droits fondamentaux à inscrire dans la future Constitution. La représentation parcourt ainsi à nouveaux frais les débats enflammés et tortueux de la philosophie politique, où les intérêts collectifs entrent en tension. Comment qualifier la liberté ? Doit-on en défendre une idée abstraite ou fondée sur le réel ? Mais aussi, comme s‘esclaffe l’un des protagonistes, de quel peuple parlons-nous, lorsqu’on évoque à tort et à travers cette notion aussi vaste qu’allusive? Quels rapports étroits entretiennent la liberté et la sécurité?  

Brossant avec enthousiasme ce portrait politique et philosophique du monde moderne, grâce à un détour par l’histoire, Joël Pommerat interroge le rôle de la fiction et la grandeur du théâtre. Il en fait une réalité augmentée par l’épaisseur de l’histoire. « Ça ira (1) est une fiction vraie, c’est-à-dire une fiction que j’ai voulue la plus vraie possible », poursuit le metteur en scène. Il rappelle, ce faisant, à qui veut l’entendre que ni la république ni la démocratie ne vont de soi. En ces temps troublés, où la sécurité et la peur deviennent la boussole et l’aiguillon de toute politique, il n'est pas inutile de remettre ces idées sur le métier, et d’essayer de les penser collectivement. 
 

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