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© Bennymarty/iStockphoto

Un air de printemps

Jardin à la française ou à l’anglaise ? Schopenhauer a choisi !

Octave Larmagnac-Matheron publié le 24 avril 2022 3 min

Médaille de bronze pour le jardin parisien du Luxembourg. L’espace vert qui entoure le Sénat, dans le VIe arrondissement de la capitale, a récemment été désigné par le site House Fresh comme « troisième plus beau jardin du monde », derrière le Gardens by the Bay à Singapour et le jardin Majorelle de Marrakech. Ce qui en fait, selon ce classement, le plus beau jardin d’Europe, et l’un des rares jardins à la française dans la liste, où prédominent les jardins à l’anglaise et leurs dérivés. Qu’est-ce qui oppose ces deux modèles ? Réponse avec Schopenhauer.

 

  • Si, avec l’élection du jardin du Luxembourg, le jardin « à la française » triomphe, Schopenhauer avait davantage d’intérêt pour le jardin « à l’anglaise » ou « à la chinoise ». Il oppose en tout cas les deux de manière tranchée, dans Le Monde comme volonté et comme représentation (1819). « La grande différence entre les jardins anglais ou plus exactement chinois, et les anciens jardins français […] repose en dernière analyse sur ce que les premiers sont plantés dans un esprit objectif, les derniers dans un esprit subjectif », écrit le philosophe. Qu’est-ce à dire ?
  • « Dans les jardins français, se reflète seulement la volonté du propriétaire, qui a soumis la nature à son caprice, et lui fait porter, en signe d’esclavage, au lieu de ses idées propres, des formes arbitraires et imposées : de là ces haies coupées à hauteur égale, ces arbres façonnées par toutes sortes de tailles, ces avenues droites, ces allées couvertes, etc. » La nature est alors dépouillée de sa puissance auto-organisatrice, de son élan autonome, bref, de ce que Schopenhauer nommera sa « volonté », à laquelle se substitue une volonté extérieure, humaine. La logique du jardin à l’anglaise est tout autre, diamétralement opposée : « On cherche à amener la volonté de la nature, telle qu’elle s’objective dans l’arbre, l’arbuste, la montagne et le ruisseau, à l’expression la plus pure de ses idées, c’est-à-dire de son essence propre. »
  • Schopenhauer ne dénie pas toute grâce au modèle français – il parle même de « quelques magnifiques spécimens ». Mais le jardin à l’anglaise réalise bien davantage, à ses yeux, ce qui constitue la substance même de l’art : l’exhibition de la volonté universelle et aveugle qui anime de part en part le monde, du minéral à l’humain. Le jardin à l’anglaise « montre avec la plus grande netteté l’objectivation du vouloir-vivre encore inconscient, qui s’étale ici en toute naïveté ». Il s’inspire de cette beauté spontanée que manifeste partout la nature : « Le moindre coin de terre demeuré inculte et devenu sauvage, c’est-à-dire abandonné en toute liberté à la nature, pourvu que l’homme ne vienne pas porter sur lui sa lourde main, elle s’empresse de l’orner avec tout le goût possible, elle le revêt de plantes, de fleurs, d’arbrisseaux, dont la libre croissance, la grâce naturelle et la charmante disposition attestent qu’ils n’ont pas grandi sous la férule du grand égoïste, mais que la nature a conservé ici toute son indépendance d’action. »
  • L’intervention de l’homme n’est évidemment pas absente du jardin à l’anglaise. Son esthétique désinvolte réclame un travail considérable. Mais, contrairement aux jardins à la française, cette volonté ne se met pas en scène elle-même comme puissance conquérante de maîtrise des autres volontés naturelles. Elle s’efface, plutôt. Il s’agit de « faire croire à un libre travail de la nature ». De révéler le travail libre de la nature en le mettant discrètement en scène. Le jardin à la française offre au regard la scène de la domination de la volonté humaine sur le monde. Le promeneur, en tant qu’homme, y est impliqué. Au contraire, il se tient à distance du jardin à l’anglaise, où se manifeste de toute part une poussée de vie anonyme. De cette distance, on ne trouve trace ou presque au Luxembourg – hormis peut-être dans certaines allées latérales arborées. Ce qui n’empêche pas, cela dit, d’y trouver une certaine beauté !
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