La révolution Tocqueville gagne les élites chinoises
À Pékin, les dirigeants du parti communiste autant que les dissidents s’inspirent du penseur français du XIXe siècle pour faire face aux abus de pouvoir des nouvelles élites politico-financières.
Mais pourquoi les Chinois se passionnent-ils pour Tocqueville ? Et pourquoi dédaignent-ils son ouvrage le plus classique, De la démocratie en Amérique, l’une des analyses les plus pénétrantes des ambivalences de la société démocratique, au profit d’un ouvrage moins connu et plus historique, consacré aux origines de la Révolution française, L’Ancien Régime et la Révolution ? Depuis que Wang Qishan, influent dirigeant de la commission centrale de discipline du Parti communiste chinois (PCC), a recommandé la lecture de la version simplifiée, traduite en chinois sous le titre « L’Ancien Système et la grande Révolution », l’ouvrage est en effet vendu dans toutes les gares et est en piste pour devenir un best-seller.
Que dit Tocqueville qui puisse intéresser, ou inquiéter, les élites chinoises aujourd’hui ? Il réinscrit la Révolution, qui s’était voulue et vécue comme un moment de rupture radicale avec le passé, dans la continuité d’une histoire longue, celle de l’égalisation des conditions opérées par l’État monarchique. « L’objet propre de cet ouvrage, annonce-t-il en ouverture, est de faire comprendre pourquoi cette grande révolution, qui se préparait en même temps partout sur le continent, a éclaté chez nous plutôt qu’ailleurs, pourquoi elle est sortie comme d’elle-même de la société qu’elle allait détruire, et comment enfin l’ancienne monarchie a pu tomber d’une façon si complète et si soudaine. » Tocqueville trouve un élément de réponse dans la contradiction qu’il détecte entre l’état social de la France à la fin du XVIIIe siècle, où les différences réelles entre aristocratie et bourgeoisie avaient quasiment disparu, et l’état politique, où les différences de statut restaient prépondérantes. Dans un chapitre intitulé « Comment ces hommes si semblables étaient plus séparés qu’ils ne l’avaient jamais été en petits groupes étrangers et indifférents les uns aux autres », il montre même que ces hommes devenus semblables sont constamment occupés à se rendre différents. Les deux classes ne sont plus rivales mais « ennemies », ajoute-t-il, la noblesse apparaissant comme une caste dont les privilèges sont d’autant plus odieux qu’ils sont détachés de toute obligation.
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