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Lecture d’été

“L’enracinement” de Simone Weil : les pieds sur terre

Frédéric Manzini publié le 04 juillet 2022 3 min

Les racines ? Nombreux sont ceux qui vont profiter des vacances pour retrouver les leurs, en rendant visite à une partie de la famille qu’ils n’avaient pas vue depuis longtemps ou en retournant dans leur maison d’enfance (à la campagne ou au bled) le temps d’un été. C’est également l’importance que les racines revêtent pour nous que souligne Simone Weil dans un livre surprenant, L’Enracinement, que la jeune femme a rédigé en 1943 alors qu’elle est réfugiée à Londres au sein de la France libre. Une lecture idéale si vous êtes en quête de racines – ou trouvez au contraire votre bonheur dans le déracinement.

 

  • Pourquoi désirer s’enraciner ? Sans doute l’exil de Simone Weil a-t-il contribué à la faire s’interroger sur le besoin que nous avons d’être ancrés dans un passé et un environnement familier qui puisse nous nourrir spirituellement. Pour la philosophe, notre âme a un certain nombre de besoins au même titre que notre corps : alors que celui-ci a besoin de nourriture et de chaleur par exemple, celle-là a de son côté besoin de liberté, de sécurité, d’honneur, etc. Mais parmi l’ensemble de ces besoins, celui de l’enracinement « est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l’âme humaine » : « Chaque être humain a besoin d’avoir de multiples racines. Il a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle, par l’intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie. »
  • Simone Weil voit dans le déracinement la cause d’un malheur qui, dans l’histoire, a régulièrement poussé les humains à vouloir asservir les autres. Elle a cette formule frappante : « Qui est déraciné déracine. Qui est enraciné ne déracine pas. ». Et cite des exemples historiques, comme les Romains, « une poignée de fugitifs qui […] ont privé les populations méditerranéennes de leur vie propre », ou encore les nazis, qui ont prospéré après la crise des années 1920 dans « une nation de prolétaires, c’est-à-dire de déracinés ». Elle reconnaît toutefois que ce besoin d’enracinement « est l’un des plus difficiles à définir », particulièrement à l’époque moderne. Alors que d’autres penseurs mettent plutôt en avant l’atomisation de la société ou l’individualisme, c’est ainsi le déracinement qui semble à Weil « de loin la plus dangereuse des maladies des sociétés humaines ».
  • Mais le déracinement peut aussi conduire à « une inertie de l’âme presque équivalente à la mort », prévient la philosophe. Écrivant ce texte pendant la guerre, elle se demande « si les Français de Londres possèdent les moyens nécessaires pour empêcher le peuple de France de glisser dans le fascisme, […] dans le communisme [ou] dans le désordre ». Lire L’Enracinement aujourd’hui, loin du contexte de la guerre mondiale et alors que la période de la colonisation est révolue, c’est s’interroger sur la mondialisation, les migrants, la question des territoires et les frontières. Et si les vacances ne nous permettent peut-être pas complètement de « renouer » avec nos racines, pour reprendre cette expression qui a la curieuse prétention de nous assimiler à des végétaux – un peu comme la formule voisine qui nous invite à nous « ressourcer » – elles offrent au moins l’occasion d’éprouver un rapport distancié avec notre quotidien et avec notre nostalgie d’un retour à nos origines. Retrouver ses racines, se ressourcer, ce n’est pas nécessairement revivre un passé souvent fantasmé mais perdu, c’est aussi se renouveler pour retraverser sa propre histoire.

 

Initialement paru en 1949, L’Enracinement. Prélude à une déclaration des devoirs envers l’être humain, de Simone Weil, est toujours au catalogue des Éditions Gallimard. 348 p., 8,90€, disponible ici.

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