Amélie Poinssot : “Viktor Orbán veut être le défenseur de la grandeur hongroise perdue”
Tour à tour conciliant et agitateur au sein de l’Union européenne, fasciné par les régimes autoritaires, la pensée politique du dirigeant hongrois Viktor Orbán est difficile à saisir. La journaliste Amélie Poinssot, autrice du livre Dans la tête de Viktor Orbán (Actes Sud, 2019), nous aide à comprendre ce libéral anticlérical devenu au fil du temps un chrétien illibéral.
Viktor Orbán, hostile à l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne, n’a pas voté contre l’ouverture des négociations sur son adhésion. Comment l’expliquer ?
Amélie Poinssot : On n’a jamais vu cela au Conseil européen. Il s’est entendu avec le chancelier allemand Olaf Scholz pour quitter la salle au moment du vote. Pourtant, quelques instants plus tard, le Premier ministre hongrois a bloqué l’aide financière de 50 milliards d’euros destinée à Kiev. On aurait pu prédire l’inverse : qu’il marque une opposition symbolique mais ne condamne pas à court terme l’Ukraine. Orbán joue un double jeu difficile à saisir depuis le début de l’invasion russe. Jusque-là, il s’est opposé à toutes les sanctions contre la Russie mais les a votées tout en bénéficiant d’exemptions, comme l’importation du pétrole russe.
Comment comprendre cette hostilité ambiguë de la Hongrie vis-à-vis de l’Ukraine ?
Orbán et Poutine se sont rapprochés à l’occasion d’un accord en 2014 portant sur l’extension de la centrale nucléaire de Paks : deux réacteurs nucléaires fabriqués par le groupe public russe Rosatom et financés grâce à un prêt russe de 10 milliards d’euros. Depuis le début de conflit en février 2022, il n’y a que deux chefs d’État européens qui ont serré la main de Poutine : le chancelier autrichien Karl Nehammer et Viktor Orbán.
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