Légalisation du cannabis : par-delà le bien et le mal
On peut être pour ou contre la légalisation du cannabis. Le débat est complexe, porteur d’importants enjeux : sociaux, économiques, sanitaires. Il polarise les opinions à l’extrême, mais affiche désormais dans la société une tendance plutôt favorable à la légalisation. Le débat semble toutefois loin d’être tranché. C’est pourquoi nous vous proposons ici d’analyser les conséquences d’une légalisation au-delà d’un point de vue des principes moraux, dans une démarche purement utilitariste – qui pourrait se révéler vertueuse pour tous.
« Le plus grand bonheur du plus grand nombre est la mesure du juste et de l’injuste » (Jeremy Bentham). Telle est la doctrine de l’utilitarisme, qui prescrit d’agir de manière à maximiser le bien-être collectif, en cherchant où se trouve le bénéfice pour le plus grand nombre d’individus. Cette morale suppose de réfléchir en termes de résultats, d’évaluer la valeur d’une action à l’aune de ses conséquences. Elle s’oppose à la morale dite déontologique de Kant, selon laquelle c’est le devoir qui doit guider mon action, sans calcul : j’agis car ce que je fais répond à un devoir établi comme la norme du bien. Une norme universelle qui s’imposerait à moi comme impérative : « Agis de façon telle que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans toute autre » (Emmanuel Kant).
En affaire de morale, ces deux positions ont évidemment leur intérêt. Mais dans un cas aussi tranché que celui du cannabis – à l’heure où les trafics illégaux gangrènent plus que jamais la société, et où seulement 0,8% des Français sont pour le maintien du cadre légal en vigueur –, opter pour la position du devoir est-il encore pertinent ? Tour d’horizon des arguments du débat.
Encadrer la consommation, plutôt que la pénaliser
Pour Gérald Darmanin, légaliser le cannabis relèverait d’une « lâcheté intellectuelle », signe d’une défaite gouvernementale dans un combat contre la drogue. Selon le ministre de l’Intérieur, le cannabis serait même « devenu une drogue dure », tant sa concentration en THC (sa substance psychoactive) a, pour diverses raisons, augmenté ces dernières années – tous les fumeurs réguliers le confirment, de même que les analyses des saisies policières.
En évoquant ce problème, bien réel, lié à la dangerosité du cannabis et de ses effets, le ministre oublie toutefois une autre réalité plus importante : la France détient le titre de championne d’Europe en matière de consommation. Les jeunes Français en particulier sont les plus gros consommateurs, avec 21% des jeunes adultes fumant régulièrement. Soit 5% de plus qu’aux Pays-Bas, où la substance est légale, et 12% de plus que chez nos voisins Belges.
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