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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Le livre du jour

Ce que “penser” veut dire, ici ou ailleurs

Arthur Hannoun publié le 28 mars 2022 3 min

 Il pense à elle », « je pensais y aller », « qu’est-ce que tu en penses ? » : dans la vie de tous les jours, on emploie le mot « penser » pour désigner toutes sortes de réalités. Au point qu’il semble difficile d’en donner une définition claire. La science s’y est essayée, la philosophie aussi, mais ses grands enjeux – et surtout ses sources ! – restent confuses.

Jean-Baptiste Brenet, professeur de philosophie arabe à l’université Paris-1-Panthéon-Sorbonne, tente d’apporter des éléments de réponse dans un ouvrage intitulé Que veut dire penser ? (Bibliothèque, Rivages, 2022).

S’appuyant sur la richesse et l’originalité des pensées arabes et latines, cet essai propose de réfléchir sur une question philosophique à la fois ancienne et profondément moderne. Éclairage.

Que veut dire penser ? Arabes et Latins, de Jean-Baptiste Brenet, vient de paraître dans la collection Bibliothèque des éditions Rivages (160 p., 16 € en version imprimée, 11,99 € en version dématérialisée). Il est disponible sur le site de l’éditeur, ainsi que chez votre libraire.

 

Le geste de la Modernité

Au Moyen-Âge, le mot « penser » fait de rares apparitions. « Si l’on songe à ce que penser veut dire, au vocabulaire sous-jacent, le premier mot qui devrait venir est un mot latin : pensare. Il semble être la racine, et c’est lui, dans sa fécondité native, qu’on imagine remplir les textes des philosophes et théologiens latins », écrit Jean-Baptiste Brenet. Or il n’en est rien. Alors, comment comprendre la postérité du terme« pensée » ?

On pourrait l’expliquer par un ingénieux geste de la Modernité, qui s’en serait remise à l’étymologie même du pensare latin pour se référer à une réalité vaste et composite. Pensare, c’est en premier l’action de peser différents éléments avec un poids en équilibre, et par extension « payer », « évaluer ». Une sorte de mot-carrefour, à la croisée de plusieurs notions, à l’instar de l’humain lui-même qui se situe toujours à la croisée de l’intellect et de la défaillance morale, du savoir et de l’ignorance.

 

Un passé qui « pense » peu

Sur la question du rapport à la pensée, la philosophie occidentale a tendance à se référer à la formule de Descartes : l’humain est une chose qui pense, c’est-à-dire « une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent ». Et Jean-Baptiste Brenet de s’interroger : « Que disent [les penseurs arabes et latins], eux, et avant lui ? »

S’appuyant sur les bases lexicales, linguistiques et philosophiques des travaux d’Aristote, d’Averroès et de bien d’autres, la démarche de l’auteur s’attache moins à décrypter ce qui est pensé que comment cela est pensé : le processus, plus que l’objet. Il s’agit pour lui de « dire quelque chose sur la pensée à partir des auteurs qu’on ne lit pas » et d’y déceler ainsi quelque chose de nouveau pour le lecteur d’aujourd’hui, en jetant un pont entre Orient et Occident. Car les penseurs arabes ne sont pas juste des passeurs de connaissances, ni les Latins seulement des héritiers, comme nous le rappelait Jean-Baptiste Brenet dans une récente interview à Philomag.com.

 

L’acquisition au service de l’infini

Au fil de son essai, Jean-Baptiste Brenet développe plusieurs réflexions autour des termes latins et arabes par lesquels les penseurs désignaient le fait de penser : cogiter, estimer, goûter, intelliger, etc. Il évoque ainsi le rapport à l’acquisition, située à mi-chemin entre le sensible et la métaphysique : « Penser, c’est acquérir. Tous les médiévaux le savent, le répètent, l’intègrent à leur façon. »

Cette idée, que l’on retrouve sous la plume d’Alexandre d’Aphrodise (grand exégète d’Aristote), revient à poser une question fondamentale : comment l’esprit humain – qui est fini – peut-il se représenter l’éternel – qui est infini – comme objet de pensée ? Au cœur de ce débat, ce sont les conditions d’accueil de l’éternel comme étranger radical au sein de notre intellect qui apparaissent.

En admettant, comme Averroès, que l’intellect soit lui-même éternel et puisse donc accueillir l’éternité comme objet de pensée, l’individu s’ouvre à la compréhension du monde. Il rend possible l’appréhension d’une verticalité dans le rapport à l’Absolu, par laquelle il peut s’élever et s’accomplir. Une manière pour le philosophe arabe de signifier la puissance de la pensée comme clé de voûte de l’existence.

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