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Le livre du jour

“Morts de désespoir. L’avenir du capitalisme”, d'Anne Case et Angus Deaton

Catherine Portevin publié le 23 février 2021 3 min

Quelque chose a mal tourné dans le capitalisme en Amérique. C’est le constat que font les économistes Anne Case et son mari Angus Deaton, prix Nobel d’économie 2015, dans leur livre Morts de désespoir. L’avenir du capitalisme (PUF) en enregistrant un fait inédit aux États-Unis depuis le début du XXe siècle : l’espérance de vie baisse. Plus exactement : la catégorie qui enregistre un taux de mortalité en hausse est celle des Blancs non-hispaniques, non diplômés, nés depuis les années 1960, qui ont pris de plein fouet la disparition de l’emploi industriel qualifié. Pire : ils meurent précocement, en milieu de vie, de mort violente due à la drogue, à l’alcool ou au suicide ; ils sont « morts de désespoir ». De ce phénomène, les deux auteurs analysent les causes et tirent une réflexion fine sur les inégalités dans le système capitaliste. Ce document concerne la situation américaine mais il parlera au lecteur français. Car si l’accès aux soins et à l’éducation, dont Case et Deaton font la pierre de touche de leur critique, n’est pas aussi inégalitaire en France, la tentation pour les plus dotés de les détourner à leur profit n’en existe pas moins. C’est pourquoi l’appel des deux économistes à un véritable New Deal moral, avant d’être sanitaire, fiscal ou économique, fait mouche. Il ne s’agit pas pour eux d’abolir le capitalisme, mais de le réorienter.

 

  • Le profil des victimes ? Les Américains blancs non hispaniques, hommes et femmes âgés de 45 à 54 ans, ayant un niveau d’études inférieur au master (Bac+4). Leur taux de mortalité est passé de 30 sur 100 000 en 1990 à 92 sur 100 000 en 2017. Il demeure moins élevé que celui des Noirs, dont l’espérance de vie est aussi moins longue, mais le fait notable est que ce taux augmente tandis que celui des Noirs reste stable. À ce sujet, nous vous conseillons de lire notre grande enquête de 2019 sur les « morts de désespoir » aux États-Unis, menée par notre journaliste et traducteur Jack Fereday, qui était allé recueillir des témoignages du Montana à La Louisiane, en passant par la Virginie-Occidentale.
  • De quoi meurent-ils ? De mort violente (suicide, overdose, « empoisonnements accidentels ») et de toutes les pathologies du foie liées à l’alcool. C’est le point qui a déclenché l’attention d’Anne Case et Angus Deaton. Émile Durkheim, le fondateur de la sociologie, avait fait du suicide en 1897, un « fait social » qui révèle la cohésion d’une société, ses excès ou ses manques de régulation, et ses capacités d’intégration des individus. « Le suicide apparaît, constatent pareillement les deux économistes américains, quand la société n’offre pas à certains de ses membres le cadre dans lequel ils peuvent mener une vie digne et riche de sens ».
  • Quelles sont les causes ? Les auteurs détaillent trois grandes faillites du capitalisme américain qui fabriquent ces laissés-pour-compte. Premièrement, le système de santé, le coût des assurances et en particulier le lobbying des laboratoires pharmaceutiques sur les opioïdes, ces médicaments anti-douleur fortement addictifs étant responsables de bien des dérives et décès. Deuxièmement, les effets non maîtrisés de la mondialisation, de la financiarisation de l’économie et de la robotisation : les « morts de désespoirs » sont les déclassés de la classe ouvrière. « La bourse récompense la redistribution aux dépens du travail et au profit du capital », notent Case et Deaton. Sans compter le poids exorbitant du lobbying des très-riches sur la politique. Troisièmement, la course aux diplômes : le coût des études supérieures est prohibitif pour beaucoup, et, dans le même temps, les emplois de bonne qualité et bonne rémunération pour les non-diplômés ont disparu.
  • Conclusion : la pauvreté n’explique pas tout (les « morts de désespoir » ne sont pas les plus pauvres), et la redistribution classique (prendre aux riches pour donner aux moins riches) ne règlera pas le problème – l’impôt sur les grandes fortunes ou le revenu universel ne sont pas pour eux des solutions viables en Amérique. Car le problème n’est pas l’inégalité en soi, mais l’inéquité et l’injustice. Ce que Case et Deaton accusent le plus, ce sont tous les mécanismes de détournement de la rente (par exemple les dépenses de santé ou d’éducation) ou de « redistribution vers le haut ».
Case & Deaton : “Ce n’est pas une question de chômage mais de déclassement”
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