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Le débat

Nom du père : qu’en dit Jacques Lacan ?

Octave Larmagnac-Matheron publié le 20 décembre 2021 3 min

Le futur projet de loi visant à simplifier le changement de nom de famille risque de faire polémique. Comme l’explique le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, les parents peuvent choisir le nom de famille de leur enfant depuis 2005. Mais cela implique « une procédure longue et humiliante ». Pour les majeurs, « il suffira désormais d’une déclaration Cerfa à l’État civil de votre mairie ». Pour les mineurs, « il faudra la validation des deux parents et, en l’absence de cette entente, il y aura recours au juge. Par ailleurs, si le mineur a plus de 13 ans, il faudra également lui demander son accord ». L’objectif est de favoriser la possibilité de « porter, à titre d’usage, le nom de la mère ». Nouvelle étape d’un bouleversement anthropologique qui introduit de la confusion dans la filiation, considèrent certains.

Qu’en pensait donc Jacques Lacan, qui a théorisé cette notion comme structurante pour le développement de l’enfant ? Empêche-t-elle vraiment de choisir le nom de sa mère ? 

 

  • À quoi correspond le « Nom-du-Père » dans la pensée de Jacques Lacan ? Il s’inscrit, comme l’explique le psychanalyste dans Des Noms-du-Père (Seuil, publié à titre posthume en 2005), dans un mouvement de coupure du lien originel entre la mère et l’enfant. Cette rupture de la continuité se produit par l’imposition d’une « voix », celle de l’interdit. Il s’agit de l’interdit de l’inceste. L’enfant est délivré de son assujettissement imaginaire à sa mère par l’irruption d’un Autre « phallique » porteur de l’interdit. « Le Nom-du-Père crée la fonction du père », écrit-il. Cette coupure est déterminante, pour Lacan, dans sa constitution en tant que sujet humain : « Le père, le Nom-du-Père, soutient la structure du désir avec celle de la loi […]. »
  • L’enjeu actuel – en particulier pour notre époque, où les formes de familles se multiplient –, c’est de déterminer quel est pour Lacan le rapport entre cette « Voix-du-Père » et le père réel. Sur ce point, Lacan est moins catégorique : « Le Nom-du-Père, on peut aussi bien s’en passer. On peut aussi bien s’en passer à condition de s’en servir. »
  • L’expression est allusive, mais elle suggère que le Nom-du-Père est d’abord une « fonction » symbolique. Elle peut se transposer à d’autres personnes. On ne peut pas se passer de la voix, mais on peut se passer du père. C’est le cas dans la « société sans pères » du peuple des Na du Yunnan (Chine) où « il y a un Nom-du-Père mais c’est une déesse, la déesse Abaogdu qui a déposé les graines dans le ventre des femmes avant même leur naissance », comme le résume le psychanalyste Christian Demoulin. Même lorsque la Voix-du-Père semble identifiée au père réel, la relation se révèle ambiguë. « La fonction du père comme nom, comme pivot du discours, tient précisément en ceci qu’après tout, on ne peut jamais savoir qui est le père. Allez toujours chercher, c’est une question de foi. Avec le progrès des sciences, on arrive dans certains cas à savoir qui il n’est pas, mais enfin, il reste quand même un inconnu. […] »
  • Le Nom-du-Père renvoie à la présence d’un Autre insaisissable, mais nécessaire à la structuration psychique de l’enfant. Le patronyme est la marque de cette présence de l’autre en nous, comme le remarque la psychanalyste Colette Soler : « Le patronyme est un nom reçu de la généalogie, transmis. Disons qu’il vient automatiquement de l’Autre », de cet autre qui nous interpelle et nous permet, par cette interpellation à laquelle il faut répondre, d’entrer dans le langage. Mais le patronyme lui-même ne suffit pas à résumer le Nom-du-Père.
  • Il assigne le père à une place déterminé, identifiable, nommable, dans cette généalogie, là où le Nom-du-Père demeure, en fait inconnu, dans la mesure même où il ne fait référence à rien mais désigne simplement une « faille ». Le Nom-du-Père échappe en quelque sorte au langage qu’il fonde.
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