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Insolite

Des épinards bioniques envoient des e-mails pour lutter contre la pollution

Octave Larmagnac-Matheron publié le 15 février 2021 3 min

Transformer des épinards en capteurs de pollution ? C’est le pari d’un groupe de chercheur du Massuchusetts Institute of Technology (MIT, basé à Boston). En introduisant des nanotubes de carbones dans l’organisme des végétaux, ils sont parvenus à un résultat étonnant : la plante change de couleur (de rayonnement infrarouge, plus précisément) en cas d’exposition à des polluants (en l’occurrence, au monoxyde d’azote, mais il est possible de décliner le principe à d’autres molécules) ; ce changement, capté par une caméra adaptée, déclenche l’envoi automatique d’un e-mail d’alerte. En réalité, ce n’est pas la plante qui se colore, mais les nanotubes eux-mêmes. La plante sert d’abord à recueillir l’information : « Les plantes peuvent détecter des petits changements dans les propriétés du sol et du potentiel hydrique. Si nous exploitons ces voies de signalisation chimique, il y a une mine d'informations à utiliser », a commenté Michael Strano, qui a dirigé l’étude. 

Si les plantes sont des témoins particulièrement vigilants de leurs milieux de vie, c’est parce qu’elles en sont inséparables : immobiles, elles représentent une vie profondément enracinée dans la terre, analyse le philosophe Emanuele Coccia dans son essai La Vie des plantes (Rivages, 2016).

  • « Les plantes ne courent pas, ne peuvent pas voler », elles sont rivées à leur milieu – tout le monde en conviendra. Cependant, de cette évidence, Coccia parvient à tirer des conclusions beaucoup plus amples sur le mode d’être de la plante : « Elles ne sont pas capables de privilégier un endroit spécifique par rapport au reste de l’espace. […] Le monde, pour elle, ne s’émiette pas en un échiquier hétérogène de différences géographiques. » À la différence de la plupart des animaux qui recherche activement ce qui est bon pour eux et fuient les menaces, les plantes n’ont « aucune réaction sélective avec ce qui les entoure ». Leur monde n’est pas, pour elle, un espace d’antagonismes.
  • Conséquence : les plantes sont caractérisées par une « exposition intégrale », une « adhésion intégrale à ce qui leur arrive ». Elles absorbent tout – le bon comme le mauvais –, elles incorporent à leur sève, sans discriminer, l’ensemble des composantes du sol et de l’air. Y compris les polluants. « Aucun vivant n’adhère plus qu’elles au monde qui les entoure. […] Elles participent au monde dans sa totalité, dans tout ce qu’elles rencontrent. » Elles vivent « en continuité absolue et en communion globale » avec la portion de terre et de ciel qui est la leur. « On ne peut séparer – ni physiquement ni métaphysiquement – la plante du monde qui l’accueille. […] La plante incarne le lien le plus étroit et le plus élémentaire que la vie puisse établir avec le monde. »
  • « C’est afin d’adhérer le plus possible au monde que [les plantes] développent un corps qui privilégie la surface au volume » : surface des feuilles qui s’élancent dans les airs, surface des racines qui plongent dans la terre. Le mode d’être de la plante relève de l’étalement. Mais cet étalement produit, aussi, une concentration : la plante rassemble en elle, en chaque partie de son organisme, les composantes éparses du sol et de l’atmosphère. En elle, « le monde se condense ». Et c’est justement en raison de cette capacité d’intégration que Coccia peut écrire qu’« elle est l’observatoire le plus pur pour contempler le monde dans sa totalité. […] Les plantes sont les vrais médiateurs : elles sont les premiers yeux qui se sont posés et ouverts sur le monde, elles sont le regard qui arrive à le percevoir dans toutes ses formes. »
  • Coccia indique ainsi le sens profond de cette adhérence intégrale : les plantes ne sont pas seulement dans le monde, elles ont façonné le monde que tous les vivants arpentent. Pas d’atmosphère sans la photosynthèse des plantes, pas de sol nourricier sans la vie et la mort des végétaux. « Le monde est avant tout ce que les plantes ont su en faire. » C’est donc à celles-vi qu’il convient de demander en quoi consiste « la nature du monde, son extension, sa consistance ». Les chercheurs du MIT l’ont bien compris : les végétaux sont les meilleurs indicateurs de l’état de dégradation de la planète. Reste à les faire parler. Au risque, peut-être, de condamner la vie végétale à n’être qu’un instrument dans les mains de l’homme ?
Notre recension du livre “La Vie des plantes” d’Emanuele Coccia
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