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Pandémie

Et si l’on arrêtait de culpabiliser les jeunes ?

Pierre Terraz publié le 01 avril 2021 3 min

Alors qu’une troisième vague pandémique se profile, Emmanuel Macron annonçait hier une nouvelle fermeture des écoles, des collèges et des lycées, plaçant encore au premier plan la question de la contamination des adultes par les jeunes. Interrogé sur France Inter, Gilles Pialoux, chef de service à l’hôpital Tenon, s’insurgeait il y a quelques jours contre ce poids psychologique mis sur la jeunesse en temps de Covid. « Quel est l’impact, pour les adolescents, de se sentir responsable d’un cluster familial ? », demandait-il. Avant de répondre lui-même : « On l’a vécu, nous, dans des familles. C’est compliqué ».

Car c’est un fait, la responsabilité de la circulation sans relâche du virus est très largement rejetée sur la jeunesse depuis le début de la pandémie. L’OMS l’affirmait en août dernier : les jeunes sont « responsables de la propagation du Covid-19 ». Que dit cette charge morale que doivent désormais porter des jeunes (qui sont, justement, les moins vulnérables face au virus) de notre société ?

 

  • Alerte psychologique. Gilles Pialoux n’est pas le seul professionnel de santé à alerter sur l’effet néfaste d’une culpabilisation de la jeunesse en temps de pandémie. Nadège Larcher, psychologue et psychothérapeute de l’enfance et de l’adolescence, signalait déjà l’urgence en octobre dernier : « Les jeunes aujourd’hui ont un peu l’impression d’être désignés comme des coupables, en tout cas, comme des responsables […], ils ont un sentiment d’injustice ». Pour cette jeunesse, le jugement des aînés est vécu comme une pression supplémentaire dans un monde déjà empli d’incertitudes économiques et écologiques. Une enquête menée par The Economist titrait d’ailleurs, il y a quelques jours, « Les vieux se disent plus heureux, et les jeunes de plus en plus malheureux ». Paradoxal.
  • Paradoxe clinique. Il s’agit là d’un paradoxe tant social que clinique. Car si elle est la frange de la population la plus montrée du doigt, la jeunesse est aussi celle qui risque le moins d’être atteinte par les formes graves du virus. Ainsi, s’ils respectent les « gestes barrières » et se font dépister, « ils le font avec altruisme, afin de mieux connaître leur statut virologique, instituant ainsi un cercle vertueux qui casse les chaînes de transmissions », défend Antoine Flahault, directeur à la faculté de médecine de Genève. Preuve qu’ils ont une pensée collective bien plus qu’on ne veut l’entendre. Au fond, la jeunesse serait plus victime que responsable de la crise sanitaire, se sacrifiant pour le collectif et endossant de surcroît une charge morale, une culpabilité mise sur ses épaules par la société des « aînés ».
  • Fantasme ancestral. Des enfants qui tuent leurs parents : ce fantasme n’a pas attendu la pandémie pour exister. D’Œdipe à Oreste, le meurtre des pères par la progéniture est un leitmotiv de la tragédie grecque, qui inspire jusqu’à nos contemporains. Sigmund Freud ira jusqu’à voir dans l’œuvre de Sophocle une interprétation psychanalytique, en inventant le « complexe d’Oedipe ». Encore aujourd’hui, le « meurtre sur ascendant » – tel qu’il est défini dans le Code pénal – fait couler beaucoup d’encre. À tel point que nous pourrions presque imaginer, dans le cadre de la pandémie (et de manière absurde) un procès de la vieillesse contre la jeunesse pour tentative de meurtre. Les lieux du crime ? Une soirée entre amis, ou un « immense cluster » sur les bords d’un canal…
  • Pour une éthique des petites actions. Pourquoi, au contraire, ne pas cesser de culpabiliser la jeunesse, qui souffre déjà suffisamment de toutes les restrictions dues au Covid ? En s’inspirant, par exemple, de l’ouvrage Les Attitudes morales de Roger Mehl (1912-1997). Le philosophe et théologien y défend que l’homme est inévitablement placé dans une position ambivalente : il est un être constamment menacé, mais il ne peut exister vraiment qu’en s’exposant à cette menace. Si nous refusons de vivre, du fait d’une conscience du danger qui plane sur nous, alors nous échouons dans la réalisation de notre existence. Mehl appelle cette réalisation de soi le « courage d’être ». « L’existence est plus que la vie, en tant qu’elle est assumée comme un projet et orientée par une finalité », écrit-il. La vie, comme la morale, accepte sa dimension faillible, et se définit bien plus par les petites actions quotidiennes que par une assurance incorruptible de bien agir. Alors remercions plutôt les jeunes de porter le masque et de s’asperger de gel hydroalcoolique collant autant qu’ils le peuvent, plutôt que de les culpabiliser à outrance. 
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Comment résister à la paraphrase ?
« Éviter la paraphrase » : combien de fois avez-vous lu ou entendu cette phrase en cours de philo ? Sauf que ça ne s’improvise pas : encore faut-il apprendre à la reconnaître, à comprendre pourquoi elle apparaît et comment y résister ! 
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